Lynch-Bages dévoile une étiquette unique pour son millésime 2020
Les nouveaux chais et cuvier, placés par l’architecte Chien Chung Pei dans la continuité du savoir-faire bordelais des siècles passés, obéissent aux exigences modernes d’ergonomie et de sécurité et répondent aux défis environnementaux actuels. La construction lumineuse et la sobriété des formes s’imposent au regard.
Une modification discrète de l’étiquette célèbre ce nouveau départ.
Le millésime, tracé par la main de l’architecte, accompagne une référence subtile aux nouvelles constructions qui se détachent du profil des bâtiments anciens.
Après quatre siècles d’histoire, et quatre années de travaux, le millésime 2020, première récolte vinifiée dans les nouvelles installations, ouvre un nouveau chapitre de la vie du domaine.
Quatre siècles
de progrès
Assemblé et réuni dès le 17ème siècle, le vignoble de Lynch-Bages fut agrandi par la famille Lynch, des aristocrates irlandais qui avaient émigré à Bordeaux au 18ème siècle. Au 19ème siècle, les techniciens mirent en place un système de vinification gravitaire extrêmement novateur.
Aujourd’hui de grands progrès ont été faits. Nous avons mené une longe étude afin de repenser nos méthodes et concevoir un nouvel outil de travail.
Dans la même démarche que nos prédécesseurs, nous avons recréé une installation moderne, transparente, lumineuse qui nous permet de maximiser le potentiel qualitatif de nos vins.
Dans les pas de Skawinski...
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Première moitié du XVIIe siècle
Jean Déjean, Notaire Royal, et son frère Pey, dit Nadau, marchand de vins résidant au village de Bages, commencent à rassembler les terres qui entourent le hameau.
A la génération suivante, Pierre Déjean, notaire royal lui aussi, et son fils Bernard, marchand et bourgeois de Bordeaux, achèvent de créer le Domaine de Bages.
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XVIIIe et XIXe siècle
L’Irlandais Lynch donne au domaine une dimension nouvelle. Il comprend l’importance des terroirs, sélectionne les meilleurs cépages, draine systématiquement les sols, invente de nouveaux outils pour cultiver la vigne qu’il plante en « règes » régulières.
Dans tout le Médoc, les changements s’accompagnent d’une fièvre bâtisseuse. Le résultat est un mélange étonnant d’architectures d’inspiration variée : tourelles et clochetons parsèment le paysage comme pâquerettes au printemps. Les architectes rivalisent d’imagination, imitant ici les Châteaux de la Loire, là un palais du Second Empire, ailleurs un collège anglais ou un temple asiatique…
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1860 – 1975
Le chai historique de Lynch-Bages, conçu par Pierre Skawinski, est utilisé jusqu’en 1975, dernier millésime produit dans ces installations.
Conçu suivant un principe gravitaire novateur pour son époque, l’ancien cuvier se trouve aujourd’hui inclus dans le nouvel édifice. Ainsi mis en valeur, il affirme que plus de 150 ans après sa construction, l’esprit et les principes des bâtisseurs du XIXe siècle inspirent toujours le Lynch-Bages d’aujourd’hui.
Dans les pas de Skawinski...
1975 – 1989
Jean-Michel Cazes adapte les bâtiments aux besoins de l’oeno-logie moderne. Les travaux se déroulent de 1976 à 1989. Les changements se font étape par étape. Des cuves en acier puis en inox de grande capacité remplacent petit à petit les cuves en bois, et les systèmes de refroidissement puis de thermorégulation font leur apparition.
En 1989, Lynch-Bages inaugure ses chais transformés en vaisseau spatial, version Jules Verne, à l’occasion de la Fête de la Fleur.
Dans les pas de Skawinski...
1989 – 2016
Les techniques et technologies se développent, à la vigne comme au chai. A partir de 2006, Jean-Charles Cazes entreprend avec Daniel LLose et Nicolas Labenne un travail de fond sur la connaissance du vignoble de Lynch-Bages. Grâce à la viticulture de précision, un cap décisif est franchi. Les outils de cartographie satellitaire permettent d’analyser précisément le potentiel des parcelles et de caractériser les terroirs.
Il en résulte un nouveau découpage intra-parcellaire qui décompose 90 parcelles cadastrales originelles en 200 sous-parcelles. A partir de 2006, l’équipe technique commence à établir un cahier des charges afin de concevoir un nouveau chai adapté aux progrès viticoles.
Dès 2009, les premiers échanges avec les architectes permettent d’envisager diverses configurations pour chacune des étapes de la vinification. Les options retenues sont consignées dans une bible technique exhaustive, finalisée sur une période de plusieurs années.
Dans les pas de Skawinski...
2016 – 2020
Le projet de rénovation de la propriété est lancé fin 2016 après les vendanges.
Les opérations de démolition débutent en février 2017. Le terrain dégagé, les pelleteuses entrent en piste pour creuser une fosse carrée de plus de 10 m de profondeur dans laquelle viendra s’insérer le nouveau bâtiment.
Les travaux se terminent à temps pour les vendanges du millésime 2020, le premier vinifié dans les nouvelles installations.
#lynchbages2020,
Innovations techniques et grands axes d’amélioration
La réception de vendange, spacieuse et modulable
Un premier tri est effectué à la vigne sur des tables mobiles. Dès leur arrivée au cuvier, les grappes sont éraflées avant un second tri manuel des baies sur tables vibrantes.
Des cuvons mobiles de 7 hl, hissés par des palans, acheminent les baies dans les cuves, sans pompage. Munis d’une assistance électrique, ils sont faciles à manipuler.
La traçabilité – parcelle, cépage – est totale à toutes les étapes du processus. Trois lignes de réception permettent de vendanger jusqu’à 12 ha par jour (si les conditions sanitaires de la récolte le nécessitent). Abritée et sécurisée, la zone de réception de vendange est conçue pour accueillir également la ligne de mise en bouteilles. Par son mécanisme à galandage, la grande porte en Kalwall, translucide, permet d’optimiser l’espace tout en laissant pénétrer la lumière.
Le nouvel outil technique de Lynch-Bages est pensé pour être ergonomique et fonctionnel.
Le cuvier dernière génération, un outil adapté à la sélection intra-parcellaire
80 cuves de petite capacité permettent de tirer parti des avancées de la viticulture et d’adapter la vinification au découpage intra-parcellaire précis du vignoble. De forme tronconique, les cuves isothermes à double paroi possèdent un système de thermorégulation intégré individuel.
Six cuves élévatrices au centre du bâtiment
Les cuves élévatrices de 100 hl complètent le dispositif « gravitaire ». Pendant le cycle de vinification, jusqu’à la mise en bouteilles, elles permettent de réaliser, de cuve à cuve, des délestages doux et faciles et d’assurer la liaison avec le chai à barriques souterrain. L’installation apporte à la vinification souplesse et précision, maximisant ainsi le potentiel qualitatif de notre vin.
Des enjeux environnementaux
Grâce à sa toiture à redans composée d’une succession de toits à deux versants et à la large surface vitrée de sa façade Nord, le cuvier permet d’évoluer dans un environnement baigné de lumière naturelle. La toiture s’inspire des principes des ateliers textiles britanniques du XIXe siècle, qui ignoraient l’éclairage électrique. Dans le cuvier, non climatisé, le choix des matériaux, le vitrage anti-UV ou les brise- vues de la façade Sud, contribuent à maintenir une température agréable, même pendant la période estivale. Conçu pour accueillir à l’avenir des panneaux solaires, la modélisation du bâtiment permettra une autosuffisance énergétique.
Le chai sous-terrain, deux millésimes simultanément côte à côte
Le nouveau chai souterrain possède une grande inertie thermique. Situé en sous-sol, il conserve une fraîcheur naturelle et une hygrométrie constante, tout en minimisant les consommations d’énergie. La voûte en maille inox, prouesse architecturale, masque les équipements, réseaux et canalisations techniques.
Conçu pour accueillir deux récoltes côte à côte, sur deux hauteurs de barriques, il permet de travailler dans des conditions de confort optimales – sans contrainte d’espace –, et d’optimiser la durée d’élevage des vins.
Comme dans le cuvier, le travail gravitaire est de mise.
L’entonnage se fait par vinoducs, et le vin est remonté en utilisant les cuves ascenseur. Le soutirage au fin est réalisé de barrique à barrique. Aucune opération de pompage n’est nécessaire pendant toute la durée d’élevage.
Une architecture fonctionnaliste
Fidèle au principe fonctionnaliste selon lequel « la beauté d’une oeuvre architecturale dépend de l’adaptation à sa fonction », notre vision a naturellement guidé le projet de rénovation du Château Lynch-Bages. Tout est mis au service du vin.
La construction, transparente, fait appel à des matériaux – verre, céramique, acier –, faciles à entretenir. La propreté est un souci majeur. Bien intégré dans son environnement, le nouveau bâtiment semble s’appuyer sur le ciel pour utiliser au mieux la lumière naturelle. Le parti-pris architectural, dans la continuité de celui des régisseurs du XIXe siècle, fait appel aux valeurs contemporaines d’ergonomie, sécurité et enjeux environnementaux.
Il y a 150 ans, le cuvier conçu par Skawinski était avant-gardiste. Les aménagements réalisés dans les années 1980 par Jean- Michel Cazes, étaient pensés pour répondre aux nécessités de la révolution oenologique de la fin du XXe siècle. Nous voulons aujourd’hui insrire la rénovation de Lynch-Bages dans le mouvement et les principes de nos prédécesseurs.
A qui confier le projet ?
« Dès 2009, notre équipe se met à l’œuvre pour définir les options techniques du projet. Puis, pendant quatre ans, œnologues et techniciens établissent avec les architectes les plans détaillés d’exécution. Le choix du cabinet Pei implique que le style du bâtiment sera résolument moderne. La démolition des bâtiments existants débute en février 2017. Les bulldozers s’en donnent à cœur joie. Le terrain dégagé, les pelleteuses entrent en piste pour creuser une vaste fosse carrée de plus de 10 m de profondeur dans lequel viendra s’insérer le nouveau bâtiment. » Pour le chantier, la volonté de faire appel au tissu local a été affirmée : « 70 % des entreprises qui ont participé aux travaux sont basées dans le Médoc ou en Gironde et, et plus de 80% dans le Grand Sud-Ouest ». La collaboration avec Chien Chung (Didi) Pei s’est imposée comme une évidence. Jean-Charles Cazes : « Didi Pei entretient des liens avec ma famille depuis de nombreuses années : il a rencontré mon père pour la première fois en 1985 lorsqu’il travaillait avec le sien (Ieoh Ming Pei) sur le projet de la Pyramide du Louvre à Paris.
J’aime l’idée de transmission à la fois dans son histoire, et dans la nôtre. Il partage aussi notre philosophie d’ouverture au monde, par sa double-culture et sa parfaite connaissance de notre pays. C’est également un passionné de vin, qui comprend les enjeux techniques et fonctionnels que représente un tel projet pour notre propriété ». Didi Pei est connu pour ses nombreuses réalisations à travers le monde (Chine, Hong Kong, Etats-Unis, Brésil, Mexique, Emirats Arabes Unis…) et notamment la Bibliothèque d’Etat de Guanajuato à León au Mexique, le Parc du Musée des Arts Islamiques à Doha, ou encore le Musée des Six Dynasties en Chine. « Si notre choix s’est porté sur Didi Pei, c’est aussi car nous avons été séduits par son style architectural épuré, avec ses lignes contemporaines et une réelle sobriété dans la forme ». La gestion du projet a été confiée à Rossana M. Gutiérrez du cabinet d’architectes new-yorkais PEI Partnership, dont la mission a été de coordonner la communication entre les architectes et le client, et notamment la collaboration avec l’agence BPM du Bordelais Arnaud Boulain, mais aussi d’accompagner le planning de réalisation et la finalisation des plans de modélisation.